J'ai envoyé l'article précédent il y a quelques jours à plusieurs personnes dans le but qu'il tourne sur la grande toile.
Depuis, il y a eu les manifestations de samedi (pour Rosalès) et de dimanche (pour Chavez), qui ont rassemblé des millions de personnes à elles deux (en fait beaucoup plus pour Chavez, mais on ne va pas polémiquer sur les chiffres, allez voir les images sur google).
Chez nous, on n'atteint même pas cela pour une victoire en coupe du monde, une manifestation anti F.N, ou un Larzac JoséBoviste : la folie je vous dis ! Les vénézuéliens eux-mêmes étaient les plus surpris et chacun des 2 camps n'avait jamais vu cela.
Je me dis donc aujourd'hui que, si le peuple répond massivement présent, la manipulation et le coup d'Etat s'avèreront plus difficiles. Le sabotage des élections est tout de même envisageable. (coupures de courant et de téléphone). Ce sera la meilleure des raisons pour le gouvernement de revoir ses contrats avec les entreprises en question qui sont à ce jour en position de monopole dans leurs secteurs respectifs. Encore une fois, si les coups bas de l'opposition échouent, cela renforcera le gouvernement.
Et que dit l'ambrassade française à ses compatripotes ?
AMBASSADE DE FRANCE A CARACAS - Caracas, le 28/11/2006 -
A l’approche des élections présidentielles du 3 décembre, des rumeurs aussi alarmistes que souvent fantaisistes circulent à Caracas et dans les principales villes du pays. Dans l’état actuel des informations dont dispose cette Ambassade, ces rumeurs sont sans fondement : le déroulement pacifique des grandes manifestations de samedi et dimanche à Caracas témoigne de la maturité démocratique et de l’esprit de responsabilité des citoyens vénézuéliens. Cela étant, le dimanche 3 décembre et les jours suivants, il convient, par mesure de précaution, de limiter ses déplacements en ville et d’éviter de s’approcher d’éventuels rassemblements. Les consignes générales de sécurité restent valables : pour plus de détails, ne manquez pas de consulter, sur le site Internet de l’Ambassade, le « guide de l’immatriculé » (www.francia.org.ve- venir au Venezuela/plan de sécurité). Restez à l’écoute des télévisions et des radios vénézuéliennes afin d’être en permanence bien informés de ce qui se passe dans votre ville. L’Ambassade reviendra vers vous au cas où l’évolution de la situation justifierait l’envoi de nouvelles consignes. En toutes circonstances, sachons garder la tête froide.
Alors, plutôt rassurant, non, quand on sait qu'habituellement, ils sont près à dégainer les hélicos dès qu'il y a un rassemblement de plus de 3 étudiants et 2 militaires, dans une contrée sous-développée.
Durant cette campagne, les débats de fond sont quasi-inexistants : Chavez, toujours en campagne (9 élections en 8 ans) communique sans cesse sur ses programmes, relayés par sa télé publique VTV. Les spots de publicité chaviste succèdent aux reportages sur ses faits et gestes, ceux de son gouvernement, des vénézuéliens investis dans le processus, et aux émissions de décryptage de l’information... de l’opposition. Son programme est connu de tous puisque c'est de poursuivre celui qu'il met en application quotidiennement, tant bien que mal.(2)
L’opposition politique est floue. Il n’y a aucune réelle alternative proposée, si ce n'est : non au chavisme, au communisme, oui au libéralisme, oui à plus de sécurité. Le candidat Rosalès a tout de même proposé un programme sur la sécurité fort « intéressant » , ainsi qu'un autre où il propose de redistribuer directement l'argent du pétrole aux pauvres en leur remettant une carte de crédit.(3) D'un côté "non à l'impérialisme américain", de l'autre "non au communisme",y'aurait presque des relents de guerre froide dans tout cela.
L'opposition est plutôt médiatique : 5 canaux de télévision déversent quotidiennement leur haine de Chavez, de Cuba, du communisme... sans compter les radios commerciales.
Les grandes entreprises de médias possèdent également la majorité de la presse écrite. Vous me direz que c’est à peu près la même situation que chez nous, en France. Mais le ton employé n'est pas le même, c'est plus enflammé ici ; plus sournoi et pervers en France. Nous avons à faire ici à une guerre médiatique, réellement. Les passionnés d’Histoire pourront aller lire les archives, ou bien le manuel de la subversion made in CIA. Tout le monde sait qui finance, officiellement ou non, la campagne de l’opposition. Un des agents a même été démasqué il y a quelques temps et est toujours à la tête de son entreprise de presse (télé, radio etc...).(4)
Pendant ce temps, Libération, Le Monde et consors continuent de crier au populisme. (5) Ces journalistes, qui ont dû avoir leur carte de presse dans un Happy Meal, ne se déplacent pas sur le terrain, vont s'abreuver à la source étatsunienne. Ils ne reconnaissent même plus leur droite de leur gauche ( c'est vrai qu'en France, quand on a une Droite un peu gauche et une Gauche bien maladroite, c'est difficile de s'y retrouver); mais crotte alors, internet c'est pas fait que pour les chiens ! Ils vont jusqu'à écrire que l’autre candidat est un social-démocrate.(6)
Donc ces petits toutous, ces braves soldats de l'information, oublient de préciser ce qu'est pour eux un populiste, par manque de place ou de temps certainement. Je pense effectivement utile de rafraichir la mémoire de nos compatriotes, ou de donner un miroir à nos chers politiciens et dirigeants gaulois de tous bords, exemplaires, il va de soi. Cet oubli leur permet de ne pas débattre sur le fond des choses se déroulant ici, c'est à dire : les réformes. Oui, on y vient, ce qui s'appelle ici une révolution populaire, est appelé chez nous réforme.(7) (hou Chavez, vilain réformard !). Alors, allons nous accepter ce décalage culturel ou crier au grand mensonge historique ? Je pense que si l'on tient compte de l'Histoire du pays et du continent sud américain tout entier, à travers les luttes indigènes, les luttes pour l'indépendance face au vieux continent et à l'Espagne en particulier, depuis 500 ans, les révolutions au cours du siècle passé, les nombreux combats les opposant directement ou indirectement aux Etats Unis et à la CIA…, si l'on considère les héros qui les ont guidés : Simon Bolivar (El Libertador), Francisco Miranda, Ché Guevarra, Ezequiel Zamora, et plus récemment Fidel Castro, seul survivant du bloc communiste dans la guerre l'opposant au bloc capitaliste; si l'on considère tout cela, donc, on peut acepter le terme révolution. Attention tout de même aux révolutions qui s'institutionnalisent : le Parti de la Révolution Institutionnelle a régné 70 ans au Mexique. Attention également aux révolutions communistes, ce qu'elles incarnent de volonté de changement et de liberté au départ, fond vite à la chaleur de la dictature rouge sang (Mao, Staline...)
Mais je pense que ce qui se passe ici, bien qu'en lien avec toute cette Histoire de l'Humanité, est différent.
C'est peut être justement en appelant ce mouvement révolution, que Chavez est parvenu à intéresser la population à la chose publique, démocratique, redonnant à la démocratie un réel sens.
La liberté d'expression, de s'organiser, de penser, de proposer et d'agir dans le processus démocratique/révolutionnaire survivra-t-elle aux 23 ans de règne du commandante Chavez ? Puisqu'il est président depuis 1998 et propose de le rester jusqu'en 2021. Et vu d'ici, je ne vois pas ce qui pourrait l'en empêcher. Les Etats-Unis vont bien tenter 2-3 bricoles en loucedé, mais le peuple sera là pour protéger sa révolution.
Au fait, j'ai l'honneur de vous faire part de la naissance d'un nouveau bureau au sein de la CIA, spécialement dévoué au Vénézuéla. C'est 'y pas émouvant tant d'attention pour un si petit pays, hein ? Enfin petit par la taille (2 fois la France), petit par les éructations anti-impérialistes primaires de son président, petit par son pouvoir d'achat, mais grand par le coeur de son peuple... et par ses ressources pétrolières, gaz, eau... Au programme de ce bureau : infiltration, investigation, subversion, financement d'O(N)G dans le but de «développer» la démocratie à l'américaine, et vu les sommes qu'ils y mettent, on peut dire qu'elle coûte cher la coquine. (6)
Le débat qui sera des plus intéressants, une fois les élections passées, se déroulera au sein du Chavisme même et de toutes ses tendances. En effet, ce mouvement réuni des structures politiques de divers horizons, mais aussi et surtout des structures populaires, associations, comités de quartiers, conseils communaux, qui sont autant de personnes impliquées dans le processus bolivarien et qui ne vont pas laisser un seul homme s'accaparer la révolution. Ce que certains appellent déjà la révolution dans la révolution.
Bon, ben c'était un peu brouillon tout cela, mais fallait l'envoyer dans l'urgence d'avant-élections.
Rendez vous bientôt pour la suite.
Yohan